Question à… Cathy Ledoux, psychologue à Limoges « Prendre soin de soi, c’est prendre soin de son premier outil de travail »

«Il est souvent difficile pour un agriculteur de se déconnecter de son travail, surtout s’il habite sur l’exploitation. Pourtant, il est essentiel, le soir et le week-end, de bien distinguer vie personnelle et vie professionnelle. Il est également nécessaire de s’octroyer des pauses en journée pour gagner en clairvoyance et opérer des choix stratégiques pour la ferme. Ce répit fait gagner du temps ensuite.

Certains éleveurs prennent beaucoup plus soin de leurs animaux que d’eux-mêmes. Or, prendre soin de soi, c’est prendre soin de son premier outil de travail. Si on va mal, tout le reste ira mal, à court ou moyen terme. En revanche, faire attention à soi aide à mieux percevoir le sens de son travail. Boire un café tous les jours à 10 heures, s’arrêter pour discuter avec un voisin, aller chercher ses enfants à l’école, jouer de la musique, pratiquer un sport, lire… sont des moyens pour prendre du recul et être plus efficient ultérieurement.

Parfois, l’agriculteur ne réalise pas qu’il dépasse ses limites et travaille malgré un mal de dos, par exemple. Ou alors, il ne prend pas le temps de voir ses enfants grandir. Le risque est que sa vie de famille s’étiole, qu’elle vole en éclats et que le burn-out s’installe. Mais pour aller mieux, il faut avoir la volonté de modifier quelque chose. Échanger dans un groupe permet d’y arriver. On s’aperçoit qu’on n’est pas seul, que nous sommes plusieurs à nous poser les mêmes questions, et que nous pouvons trouver des solutions ensemble.

Travailler sa respiration favorise également l’apaisement. Pour cela, je conseille la cohérence cardiaque, qui fait diminuer le taux de cortisol dans le corps, donc le stress, et contribue à augmenter le taux d’adrénaline. La technique est assez simple et rapide : on procède à six respirations par minute, pendant cinq minutes, trois fois par jour. Vous pouvez la pratiquer en journée pour vous relaxer, dans le tracteur par exemple, ou le soir au coucher, pour faciliter l’endormissement. Certains agriculteurs ont arrêté la prise de somnifères grâce à cette méthode. Cela prend peu de temps, et quels bénéfices à la clé ! »

Propos recueillis

par Florence Mélix